« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » cet adage célèbre a une consonnance particulière quand on parle de dépendance affective. A la vie comme au travail, cette tendance à avoir besoin de l’attention, l’affection des autres peut à termes s’avérer pathologique. Ce qui peut compliquer sa propre construction identitaire. Ce n’est pas évident de s’en rendre compte, et avec le temps les mauvaises habitudes s’ancrent profondément.
Au travail, il s’agit du type de personne qui accepte tout, qui semble incapable de dire « Non », en général par peur d’être rejeté par ses pairs ou encore par crainte du conflit. Évidemment, avec cette attitude (serviable voire corvéable à merci), la surcharge de travail n’est pas loin et le burn-out guette. Mais encore une fois, ce n’est pas si facile que cela de s’en rendre compte.
Tout le monde a besoin de reconnaissance. Au travail plus qu’ailleurs d’ailleurs, être reconnu pour ses aptitudes, compétences ou autres actes faisant avancer le groupe de travail fait toujours plaisir, favorise la construction et renforce notre estime de soi, c’est indéniable. C’est important mais comme toute chose, l’excès nuit gravement à la santé.
Les raisons d’un tel comportement ?
Il y’en a certainement autant que les personnes sur terre. Parmi les raisons majeures on pense en premier aux influences d’enfance
La base de construction de l’estime de soi se trouve dans l’enfance. L’amour, la sécurité, la confiance en soi et en ses capacités font parti des éléments du socle. L’entourage, les parents aident à se construire. De manière à ce qu’une fois adulte, on puisse disposer de ressources internes pour oser. Au travail, c’est à peu près le rôle des mentors, maitres de stage, et autres référents professionnels. Ils encouragent, aident à faire face aux difficultés, à comprendre qu’on a droit à l’erreur et que ça peut même être une source de progrès.
Concrètement, ce qu’il faut entendre c’est que le fait d’être sans cesse rabaissé, dévalorisé, critiqué rend les personnes ‘insecure’, avec une certaine appréhension du rejet. De fait, elles auront tendance à rechercher l’approbation dans le regard des autres, souvent, voire même tout le temps… peut-être la genèse de cette forme de dépendance.
Dépendants affectifs au travail : quels profils ?
Perfectionniste : Partisan du « Vaut mieux trop que pas assez ». À la recherche constante de l’approbation de l’autre, on dit oui à tout pour être apprécié. Il cumule les heures sup, s’investi sans compter, devance les attentes des collègues, limite il est dans tous les projets et donne l’impression de vouloir combler le vide à chaque instant. Quitte à donner l’impression d’en faire trop.
Manipulateur : en proie à des doutes constants pour lui mais aussi pour les autres, on a du mal à déléguer, on n’assume que peu les erreurs et on a tendance à favoriser les attributions causales du genre ‘OK, on a merdé mais c’est la faute de Untel…’, ‘s’il m’avait écouté, on n’en serait pas là, sachez-le tous…’. En voulant se protéger, éviter d’être angoissé, il prend le risque de porter préjudice à ses collègues, à sa boite… ce n’est pas intentionnel mais les conséquences peuvent mettre le reste du groupe de travail en difficulté.
Rêveur : celui-là on l’est quelques fois un peu tous. Physiquement présent à notre poste mais l’esprit ailleurs. Conséquence immédiate, a productivité en prend un coup.
Très clairement, on a l’impression d’une sorte de schizophrénie car ce type de comportement nous mène à être très présent pour les autres (une volonté accrue d’aider tous les collègues par exemple), passer dans l’heure à un statut de plaignant (parcequ’on a pas l’impression d’être reconnu pour l’attention, le temps et les compétences qu’on met à la disposition des autres), et de fait vouloir se ‘venger’ en étant infernal avec les autres. Mal de crane garanti, clashs et incompréhensions en cascade, tout pour pourrir son propre environnement de travail, se mettre à dos les collègues et mettre à mal son emploi.
Tout le monde n’a pas un terrain favorable à la dépendance c’est vrai et c’est d’autant plus vrai en ce qui concerne la dépendance affective. Une faible estime de soi, un mal-être permanent, le syndrome de l’imposteur … Avoir une image de soi peu reluisante, négative est certainement un des facteurs qui déclenche le plus cette attitude insécure.
Quelles que soient les difficultés qui alimentent cette dépendance affective au travail (peur de l’échec, de la solitude, de ne pas être aimé…), travailler dessus permet d’améliorer son estime de soi et de se détacher du regard des autres pour avoir plus de facilité à agir et décider. On n’y arrive souvent seul, mais mieux en se faisant accompagné par un professionnel.
Ce n’est pas évident de s’en rendre compte, soyez indulgents avec ceux qui présentes de tels comportements, mais n’oubliez pas de vous protéger.